LA VILLE MODERNE
La population va tendre vers les 50 000 habitants. Ce sont les immigrations de la campagne lorraine, de la France et même de l'étranger qui vont y contribuer.
Les transports traditionnels sont améliorés et le nouveau visage du centre va se dessiner avec l'amélioration de la route de Paris à Strasbourg (RN 4), les relations avec la périphérie, puis, plus tard, la création de la voie d'eau (canal de la Marne au Rhin) et la voie ferrée.
La ville de Nancy a connu de 1836 à 1851, un essor sans précédent provoqué par deux séries de grands travaux, traduit par un accroissement considérable de sa population et inscrit dans le premier plan général, dressé à cette époque.
A l'enceinte héritée du 18ème siècle, devenue un obstacle inutile à l'extension de la ville, la monarchie de Juillet avait superposé un corset plus ample, mais beaucoup plus gênant, constitué par des voies de communication modernes, indispensables, à son développement industriel et commercial. C'est ainsi que la barrière constituée à l'Est par l'achèvement du canal de la Marne au Rhin en 1851, est complétée à l'Ouest en 1856 par l'ouverture de la gare de la ligne de chemin de fer paris-Strasbourg.
Ces grands travaux encouragent une forte croissance de la population qui passe à 45 200 habitants.
Aussi était-il normal que soit alors dressé la plan général d'alignement de la ville (1846). C'est véritablement ce plan qui amorcera l'aménagement des nouveaux faubourgs et principalement le secteur entre Meurthe & Canal et le quartier Saint Jean - ce que la municipalité d'alors réduira à la résorption des deux verrous de la porte Sainte Catherine et de la porte Saint jean. La première en ressortira isolée : la deuxième disparaîtra purement et simplement.
La chute du second Empire et le traité de Francfort vont bouleverser le destin de Nancy. L'Alsace et Strasbourg, les 5/6 de la Moselle et Metz, 1/3 de la Meurthe sont annexés, et la nouvelle frontière allemande se situe à 25 km
Ville de repli pour les exilés alsaciens et lorrains (l'Université de Strasbourg est également déplacée), ville de garnison, quoique en dehors du système de défense de la frontière (ligne des hauts de Meuse), Nancy devient la ville la plus importante de l'Est de la France. Sa croissance démographique va faire un bond foudroyant en un demi-siècle : 140 %
1866 | 50 000 habitants |
1881 | 70 000 |
1901 | 100 000 |
1913 | 120 000 |
Cet essor considérable a des causes multiples :
L'extension de Nancy dans les années 1910 est devenue chose malaisée. A l'est, il n'en est pas question : des usines, ateliers, dépôts, haut-fourneaux, crassiers, occupent un territoire saturé, recoupé de voies ferrées, traversé par la Meurthe et le canal. A l'Ouest, s'est établie l'armée : caserne Blandan, Landremont, Molitor, Donop, casernes d'artillerie, terrains de manoeuvres, prisons, bloquent toutes possibilités.
Le 2 août 1914, la mobilisation générale saisit Nancy comme un événement longtemps attendu, auquel on s'est préparé depuis quarante trois ans.
Pendant 15 jours à 12 kilomètres de la Ville on se bat sur le Grand Couronné et entre Seichamps et Champenoux.
Puis la victoire de la Marne qui est annoncée le 12 septembre 1914, interrompt l'assaut allemand sur Nancy.
Pendant les quatre années qui suivent le front se stabilise en Lorraine, et Nancy n'est jamais occupée par l'ennemi. Après le retour des réfugiés la population de la ville qui était tombée à 35 000 habitants à la fin de la guerre, remonte à 113 000 habitants amenant une perte de 5 %. Si l'on atteint 120 000 habitants en 1931, c'est en grande partie grâce à l'arrivée de nouveaux étrangers, la stagnation est accentuée par les effets d'une dénatalité générale à toute la France.
En revanche les huit communes les plus proches voient leur population progresser de 55 %.
L'expansion de la ville s'effectue au Sud et à l'Ouest peu à peu la vague d'urbanisation atteint les limites de Laxou, Villers et Vandoeuvre.
Sur le plan architectural cette période est marquée par une réaction contre l'École de Nancy, ce qui conduit à l'apparition d'une tendance "Arts Déco" (Lycée Cyfflé, Musée Zoologique...)
A partir de 1930, de nouvelles conceptions font leur apparition en matière d'urbanisme. L'accent est mis sur la nécessité d'une planification "régionale", avec voies de circulation nouvelles : rocades et pénétrantes.
A la même époque de nombreux secteurs sont touchés par la "crise".
La seconde guerre mondiale fait planer, après la défaite de 1940, la crainte d'une annexion. Puis apparaissent les restrictions, la Résistance s'organise, tout d'abord en réseaux de passeurs en raison de la proximité de la frontière. Libérée à la mi-septembre 1944, la vie politique reprend rapidement.
De 1945 à 1975, l'agglomération nancéienne s'accroîtà un rythme très rapide, de 170 000 habitants en 1954 à 260 000 en 1975. La concentration urbaine profite exclusivement à la banlieue et non au centre. La ville limitée dans ses 1 500 ha subit un déclin démographique à partir de 1962 malgré le chiffre record de 130 000 habitants dû à la construction à partir de 1954 du Haut du Lièvre.
A partir de 1982 où la population tombe à 96 317 habitants, la ville s'efforce de relancer sur les espaces disponibles des programmes de logements et d'activités : quartiers Pichon, Férembal, Stanislas/Meurthe.
Cette action permet d'inverser le mouvement d'exode des familles vers la périphérie.
(D'après le Bilan des Données d'Aménagement du Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur par Bertrand de TOURTIER Architecte et Histoire de Nancy sous la direction de René TAVENEAUX - Privat 1987)