Elevé à l'emplacement de l'ancien hôtel de Salm par Germain BOFFRAND (1667/1754) pour Marc de BEAUVAU, prince de CRAON, ordonnateur des fêtes du duc LEOPOLD, l'hôtel de CRAON est surtout connu des nancéiens comme étant la Cour d'Appel.

Le duc LEOPOLD favorisa la construction de cet hôtel si près du palais ducal pour se rapprocher de l'épouse du prince, la très belle Anne Marguerite de LIGNEVILLE, sa maîtresse.

Construit en moins de 15 mois, l'hôtel est entièrement achevé et meublé en 1713. Il s'agit d'une réplique en plus modeste des formes développées sur la façade principale du nouveau palais ducal en cours de construction. Inspiré du palais Chigi à Rome, sa façade est décorée d'un avant-corps composé de sept pilastres d'ordre corinthien. BOFFRAND impose ce qui deviendra l'une de ses caractéristiques : le subtil jeu des rapports entre avant-corps et travées en retrait. S'ensuit une grande cour terminée par une terrasse, donnant sur la Pépinière, flanquée de deux ailes. Le premier étage est composé de trois appartements dont le plus grand communique avec la terrasse.

Pour la décoration intérieure, BOFFRAND respecte les grands principes édités dans son livre d'architecture : des panneaux carrés en menuiserie pour le bas du mur et des panneaux plus petits pour le haut. Des dessus de porte peints, de grandes glaces surmontées de trophées ou de tableaux finalisent le décor. Les murs sont tendus de soies et de tapisseries. Dans les corniches on trouve des sujets de sculpture appropriés à la destination des pièces.

Emmanuel HERE s'inspire de la façade de l'hôtel de CRAON pour concevoir celle du pavillon dit de la "bourse" qui lui fait face, en remplaçant toutefois les ornements à thème guerrier des fenêtres par des guirlandes de fleurs. Dans un souci d'harmonie, il substitue à la balustrade de BOFFRAND une haute toiture d'ardoise, accordant ainsi les deux bâtiments à la perspective de la Carrière.

En 1751, Stanislas y installe la "Cour Souveraine de Lorraine" -qui n'a plus de souveraine que le nom-. Et c'est le début de l'histoire judiciaire de l'Hôtel de CRAON.

(texte de J. HARBONVILLE)